Développement de l’autonomie et du leadership des femmes pour la democratisation

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Declaration de WLUML pour le premier anniversaire du 11 septembre

En ce premier anniversaire du 11 septembre 2001.
En ce premier anniversaire du 11 septembre, Femmes Sous Lois Musulmanes (WLUML) note avec consternation que l'attention des médias internationaux dominants se concentre sur un seul événement qui, bien que tragique et condamnable, occulte toutes les autres questions qui restent à être abordées et résolues.

Il y a un an, dans notre déclaration, WLUML soulignait la nécessité de remédier à la pauvreté et aux privations, à l'injustice et à l'exploitation auxquelles sont confrontés nombre de gens dans nos communautés - et qui, comme nous le savons, attisent les attitudes extrémistes et violentes. Notre expérience nous apprend également que ce sont les femmes et les groupes marginalisés qui endurent particulièrement le choc des inégalités économiques et de l’extrémisme politico-religieux.



Au cours de cette dernière année - et à l’exception des efforts menés par des organisations féministes et par certaines organisations progressistes des droits de la personne - il n’y a eu aucun effort sincère de la part des dirigeants du monde ni pour établir des rapprochements ni pour briser les divisions existantes au sein des communautés comme des pays, et entre ces communautés et ces pays. Ces divisions ont même été renforcées par les représailles inappropriées qui ont répondu aux événements du 11 septembre.



La Vengeance, de toute évidence, ne constitue pas Justice



Sous le prétexte de juger les auteurs d’actes terroristes, la coalition menée par les Etats-Unis a adopté une approche militariste à la fois hypocrite, futile et dévastatrice; celle-ci a été particulièrement évidente en ce qui concerne l'Afghanistan et l'Irak ainsi qu'au niveau de leur réponse vis-à-vis de la situation en Palestine/Israël.



Bien que les Taliban ne soient plus au pouvoir, la coalition menée par les Etats-Unis a installé un gouvernement dominé par des ‘seigneurs de la guerre’ dont le passif au niveau des droits de la personne et du traitement des femmes ne constitue qu’un progrès très mineur. Cette guerre n’a pas été une guerre pour ‘sauver les femmes afghanes' - comme l’illustre le cas de Sima Samar, Ministre des Affaires des Femmes de l'Administration Afghane Provisoire. Lorsqu’une accusation de blasphèmie a été récemment enregistrée contre elle, cette attaque personnelle constituait en fait un avertissement clair que tous ceux et celles qui défendaient publiquement le projet d’un Afghanistan pacifique, juste et démocratique seraient réduits au silence. Des forces puissantes continuent à résister la création d’un espace qui faciliterait la participation politique des femmes et la participation de ceux qui n'ont pas le soutien des armes.



La reconstruction promise de l'Afghanistan n'a pas encore commencé. L'impact combiné d'une absence continue de sécurité, de la corruption locale et des effets perturbateurs de l'ONU et des agences de donateurs - qui inondent l'économie locale - signifie que celle-ci continue d’être en plein désarroi. Les enfants ne retournent pas à l’école soit parce que leurs professeurs ne sont pas rémunérés soit, par exemple, parce que les garçons contribuent à la survie familiale en lavant les voitures de l'ONU. L’absence de bien-être économique pourrait bien mener les Afghans, une fois encore, à se tourner vers d'autres alternatives, y compris celles offertes par les Taliban. Plus encore, les plans pour le futur développement économique du pays sont entièrement façonnés pour faciliter l'exploitation du pays et de sa population par les multinationales.



La perspective d'une attaque contre l'Irak est terrifiante pour nombre de raisons. De fait, un véritable désastre humanitaire continue d’affecter le pays; ceci a été condamné par Denis Halliday qui en 1998 démissionnait de son poste de Premier Secrétaire Général Adjoint de l'ONU et de Coordinateur Humanitaire pour l’Irak en déclarant: "Nous sommes en train de détruire une société toute entière. C’est aussi simple et terrifiant que ça. Ceci est illégal et immoral." Toute attaque militaire contre l'Irak augmentera le nombre des victimes civiles sans pour autant atteindre son but supposé. En outre, un tel pas déclencherait inévitablement une réaction en chaîne des groupes politico-religieux à travers les communautés et les pays musulmans. Ceci intensifiera nécessairement le terrorisme au niveau global et empirera la situation des femmes au niveau local.



Après le 11 septembre, nombre de promesses ont été faites visant à remédier à l'escalade de la violence en Palestine/Israël. Cependant, un gouvernement d’extrême droite est toujours au pouvoir en Israël tandis que le soulèvement et la lutte légitimes des Palestiniens continuent à être détournés par des forces fondamentalistes extrémistes. Nous savons d’expérience que le développement de telles forces se fera inévitablement au détriment des intérêts du peuple et particulièrement des minorités et des femmes en Palestine.



WLUML ne parvient pas à comprendre comment une telle approche militariste, symbolisée par l’augmentation la plus massive du budget militaire des Etats-Unis depuis deux décennies, peut amener à une paix et une stabilité globale.



Des Représailles Inappropriées/Des Alliances Inappropriées



Afin d'établir 'une coalition globale' hégémonique dans la guerre contre ‘l’axe du Mal', les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont conclu des affaires impliquant des armes, des services de renseignement ou de l'argent liquide avec différents régimes du Moyen-Orient, d’Asie, d’Asie Centrale et d’Europe. Cette démarche consiste effectivement à soutenir des régimes qui sont aliénés de leurs propres peuples - une réalité qui est systématiquement exploitée par les dirigeants de groupes politico-religieux extrémistes.



En septembre 2001, WLUML notait la tendance à introduire, sous prétexte de la crise, de considérables restrictions au niveau des libertés civiles. En effet, des législations extrêmement restrictives ont cyniquement été soit ravivées soit introduites, afin de réduire au silence tous ceux et celles qui remettent en cause les politiques étatiques – et même lorsque celles-ci n’ont rien à voir avec la ‘guerre contre la terreur'. Ce mépris, au niveau gouvernemental, pour les principes des Droits de la Personne est reflété au niveau international par le mépris complet envers les règles du droit international dont fait preuve la coalition menée par les Etats-Unis. Par exemple, les USA ont tenté de compromettre l'établissement de la Cour de Justice Internationale et d’ignorer les Nations Unies.



Conséquences



Rien n’indique que l’année passée ait vu une quelconque réduction de la menace du terrorisme. Au contraire, la ‘guerre contre la terreur’ a attisé les ressentiments, poussant à la radicalisation et à un recrutement accru, par les extrémistes politico-religieux, de nombreuses personnes dans les communautés et les pays musulmans. Ceci a des conséquences à la fois globales et locales. Dans la foulée du 11 septembre, WLUML a vu se rétrécir l'espace dans lequel pouvait s’exprimer des perspectives alternatives et laïques. Le racisme envers "l’Autre" - que celui-ci soit 'Musulman' or 'Arabe' dans la diaspora ou 'Européen' dans les communautés et pays musulmans - n’a fait que s’accentuer, tant au niveau des gouvernements qu'a un niveau non-étatique. Les femmes en tant que garantes d'identité sont particulièrement vulnérables. Les groupes politico-religieux ont utilisé la crise pour légitimiser davantage leur discours et leurs actions extrémistes, comme le confirme le développement d’une violence indiscriminée à l’encontre des voix progressistes dissidentes. Les femmes sont particulièrement vulnérables à de tels développements, comme cela se confirme dans plusieurs pays où les condamnations à mort de femmes par lapidation se multiplient (même si celles-ci sont cassées par la suite); tout aussi illustratives sont les tentatives d’introduire des lois Hudud qui visent à contrôler l'intégrité corporelle et les droits des femmes.



Que la violence soit commise par des états ou des acteurs privés, ce sont les femmes qui en font les frais – rien, durant cette dernière année, n'a adressé ceci.