Développement de l’autonomie et du leadership des femmes pour la democratisation

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Algérie: Code la famille

Le chef d'un parti islamiste contre son abrogation.
Le chef du Mouvement de la société de la paixislamiste, Abou Djerra Soltani, a fermement rejeté l'idée d'une abrogation de l'actuel code de la famille en vigueur depuis 1984 dans des déclarations à des journaux parus mardi. Le successeur de cheikh Mahfoudh Nahnah, décédé l'été dernier, a estimé que "ceux qui demandent l'annulation pure et simple de ce texte, luttent en réalité contre l'islam et les derniers textes en Algérie qui s'inscrivent dans le cadre de cette religion."

Tout en se disant favorable à un éventuel ajustement de ce texte, décrié par les associations de défense des femmes et les partis démocrates, M. Soltani a affirmé que les partisans de l'abrogation voulaient "diviser la famille et créer un faux combat entre l'homme et la femme". "Le code de la famille n'est pas un code pour la femme, il faut qu'on arrive à faire la part des choses avant de penser à n'importe quelle révision," a-t-il ajouté.



Le MSP est considéré comme un parti islamiste modéré, contrairement à son rival, plus radical, le Mouvement de la réforme nationale (MRN), créé en 1999 par cheikh Abdallah Djaballah. Le MSP n'avait obtenu que 38 sièges aux législatives de mai 2002, alors qu'il en avait 69 dans la précédente assemblée et le MRN, qui participait pour la première fois aux législatives, a été crédité de 43 sièges. Une commission chargée de la révision de ce code, actuellement très défavorable aux femmes, a été créée, fin octobre, par le gouvernement. L'actuel code, largement inspiré de la charia (loi coranique), adopté sous le régime du parti unique du Front de libération nationale (FLN), fait de la femme algérienne "une mineure à vie", contrainte de subir "la tutelle d'un mâle", selon des associations de défense des femmes.



La révision, qui devrait seulement atténuer certains articles défavorables aux femmes, est rejetée par la plupart des associations de défense des droits de la femme qui exigent l'abrogation de ce "code la honte". Selon les premières déclarations de responsables, cette révision devrait notamment supprimer l'obligation faite aux femmes de quitter le domicile conjugal après divorce et atténuer le rôle du "tuteur," un homme de sa famille. Aucune allusion n'a été faite à la polygamie ou à la répudiation. Actuellement, la femme algérienne ne peut ni se marier, ni accomplir certains actes de la vie courante, sans l'aval d'un homme de sa famille: père, frère, oncle, cousin, même moins âgé qu'elle. Ce code reconnaît également la polygamie et la répudiation. Un homme peut avoir jusqu'à quatre femmes, les répudier et les reprendre à sa guise.



WLUML souligne que après l’annonce faite par le souverain marocain de réviser le Code marocain de la famille, l’Algérie a décidé d’emboîter le pas au Maroc; ainsi une commission chargée de la révision du Code algérien de la famille a été créée par le gouvernement algérien en octobre dernier. Il convient néanmoins de préciser qu’il ne s’agit pas de la première tentative de révision du Code de la famille en Algérie, et comme pour les fois précédentes les pressions politiques et religieuses semblent monter. On peut ainsi constater que même les partis réputés «modérés» montrent déjà quelques signes de résistance. La bataille pour une réforme du Code algérien de la famille s’avère encore une fois ardue et les autorités gouvernementales devront faire montre d’une grande fermeté pour résister aux pressions politico-religieuses qui s’élèvent de toutes parts.



S’il est vrai que les forces politico-religieuses ont délibérément et stratégiquement choisi d’occuper les plates-formes démocratiques pour imposer leurs programmes politiques et elles ont clairement affirmé qu’une fois arrivées au pouvoir, elles empêcheraient toute initiative démocratique visant à établir un système fondé sur l’égalité de tous les citoyens, et particulièrement les femmes, devant la loi.



On se souvient encore d’une lettre envoyée le 3 juillet 2001 par le FIS à «Son excellence Madame la Présidente du Parlement Européen ainsi qu’aux Membres du Parlement Européen» plaidant pour des sanctions contre le gouvernement algérien. Dans cette lettre le FIS affirmait que «dans un monde démocratique, les conflits sociaux et politiques se règlent par la voie des élections, la négociation, le compromis et/ou la médiation.» Dans la même période un membre de ce même parti, Ali Belhadj, déclarait que «dans une vraie société islamique, la femme n’est pas censée travailler, la femme est là pour produire des hommes, elle ne produit aucun bien matériel autre que cette chose essentielle, le Musulman.»