Développement de l’autonomie et du leadership des femmes pour la democratisation
Objet : PROJET DE RÉSOLUTION SUR LA PROTECTION DES FEMMES DEFENSEURS DES DROITS DE L'HOMME
Nous vous écrivons en tant qu’un groupe de défenseurs des droits de l'homme Africains et des organisations de la société civile travaillant un peu partout sur le continent tant aux niveaux national, régional et international. Nous suivons avec un grand intérêt les négociations sur le projet de résolution sur la protection des femmes défenseurs des droits humains actuellement en discussion d au sein du Troisième Comité de l'Assemblée générale des Nations Unies. C'est la première fois qu'un projet de résolution qui traite exclusivement de la protection des femmes défenseurs des droits de l'homme est discuté au sein de ce comité. Ce projet représente une initiative extrêmement importante et significative pour les sociétés africaines.
Les femmes qui s'engagent dans la défense de tous les droits de l'homme et tous ceux qui défendent les droits des femmes et travaillent sur les questions liées à l'égalité des sexes apportent une contribution essentielle aux processus démocratiques, à la construction de la paix et au maintien de la sécurité, du développement et le respect des droits de l'homme dans nos communautés. Cependant, dans ce travail, les femmes défenseurs des droits humains peuvent faire face à une série de violations et d'abus - y compris les violences fondées sur le sexe – de la part des acteurs étatiques et non étatiques. Les États doivent porter une attention particulière aux risques encourus par les femmes défenseurs des droits de l'homme, reconnaître la valeur de leur rôle, et s'engager à assurer leur protection. C'est le moment pour tous les États de faire preuve de leadership en soutenant une résolution qui vise à reconnaître ce rôle au plan mondial.
Nous sommes extrêmement inquiets d'apprendre que le Groupe Africain a développé une position de groupe s'opposant à plusieurs éléments clés du projet de résolution. Il y a quinze ans, tous les États se sont accordés sur la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l'homme, y compris les obligations de l'État à protéger tous les défenseurs des droits humains travaillant sur tous les droits de l'homme. Cet engagement a été réitéré et explicité par des résolutions subséquentes de l'Assemblée Générale et du Conseil des droits de l'homme.
En outre, les instruments africains des droits humains incluent des références importantes relatives à la protection des femmes défenseurs. La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples en son article 18:03 parle des obligations des États d'élimination toute forme de discrimination contre la femme et d'assurer la protection des droits des femmes comme stipulés dans les déclarations et conventions internationales. Il y a dix ans, le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits des Femmes en Afrique - le Protocole de Maputo - a été adopté. Reconnu comme un texte clé sur la protection des droits des femmes, le Protocole parle de l'engagement des États parties à accroître la participation des femmes dans les structures et processus de prévention, de gestion et de résolution de conflit’ et à tous les niveaux de prise de décision. Les États Africains doivent travailler à mettre en œuvre ces engagements, et à veiller à ce qu'ils soient réitérés et renforcés au niveau international.
Les États africains membres de l'ONU mettent en avant des résolutions importantes relatives aux droits des femmes, telle que pour mettre fin de mutilations génitales féminines, pour adresser la situation de la fistule obstétricale et pour l'amélioration de la situation de la jeune fille. À la Commission sur la condition de la femme en 2013, les États africains ont joué un rôle clé dans l'obtention des conclusions concertées sur l'élimination de la violence contre les femmes, qui a également reconnu la nécessité « de soutenir et de protéger ceux qui sont engagés à éliminer la violence contre les femmes, y compris les femmes défenseurs des droits de l’homme à cet égard, qui courent des risques particuliers de violence ». La résolution de l'Assemblée générale sur les femmes défenseurs des droits de l'homme compléterait et renforcerait ces efforts importants des Etats membres africains, car elle soutiendrait et reconnaitrait les efforts déployés par les femmes défenseurs des droits humains dans les pays africains qui cherchent à mettre en œuvre ces initiatives aux niveaux national et local.
Nous appelons tous les Etats africains à respecter leurs engagements en matière de droits de l'homme en soutenant cette résolution de l'ONU, et par la mise en œuvre des mesures concrètes pour protéger les femmes défenseurs dans leur travail. Nous appelons les États africains à l'Assemblée générale de se tenir aux côtés de toutes les femmes défenseurs des droits humains dans leur travail pour le respect des droits de l'homme à travers le continent.
Nous vous prions, Excellences, d’accepter l’expression de nos salutations les plus respectueuses.