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Grande-Bretagne: Multiplication des mariages forcés

Au Royaume-Uni, le mariage de jeunes filles de moins de 16 ans est totalement illégal, mais cette réalité prend de l’ampleur dans les familles originaires d’Asie et du Proche-Orient.
Les autorités, mal informées, sont démunies devant ce phénomène communautaire.

"On savait que de nombreuses jeunes filles étaient renvoyées dans leur pays d’origine pour être mariées de force. Aujourd’hui, les autorités britanniques sont également confrontées à un trafic inverse. Des jeunes filles sont envoyées par leurs parents en Grande-Bretagne pour y être mariées à des membres de leur communauté vivant sur place", s’inquiète The Observer. Mariées en douce selon des rites religieux propres à leur groupe, elles échappent à tout contrôle officiel. Après la cérémonie, elles s’installent dans la famille de leur mari et, si elles fréquentent l’école, c’est pour éviter d’attirer l’attention sur leur situation. Quant aux hommes qui épousent ces très jeunes filles, ils espèrent ainsi avoir une compagne malléable et dépendante, peu habituée au mode de vie occidental.



"Elles sont de plus en plus nombreuses à venir du Pakistan, d’Inde, du Kurdistan, de Turquie ou encore du Yémen et à se retrouver mariées bien avant l’âge de 16 ans, dans un pays qui leur est inconnu, sans que les autorités n’interviennent", continue le journal. "Des communautés tout entières sont complices de ce genre de chose et, si le gouvernement ne réagit pas de façon urgente, le nombre de filles violées au nom de la culture et de la tradition va aller en s’accroissant rapidement sur le territoire anglais", s’indigne la députée Ann Cryer, qui a demandé une réunion de crise sur le sujet à Margaret Hodge, la ministre de l’Enfance. "Les communautés immigrées en Grande-Bretagne sont très hermétiques et, à moins d’être un proche des familles, peu d’informations filtrent."



"J’entends constamment des histoires de ce genre. Nous avons même vu le cas d’une jeune fille originaire du Cachemire mariée à 12 ans à son cousin âgé de 30 ans", raconte la responsable d’un centre d’accueil qui a recueilli la jeune fille en fuite. Chargée de venir en aide à ces jeunes perdues en Grande-Bretagne, elle a pu en effet constater leur immense détresse, qui se concrètise par de nombreuses tentatives de suicide.



Pour lutter contre ce phénomène, tous les policiers des villes à forte implantation immigrée ont reçu une formation. Mais beaucoup reconnaissent qu’ils échouent dans leurs tentatives d’intervention. Quant aux responsables politiques locaux, ils affirment que le problème n’est pas de leur ressort et n’osent pas agir de peur d’être taxés de racisme. "Il faut commencer à rassembler les preuves de l’existence de ces trafics et de ces unions illégales pour prendre le problème à bras-le-corps", explique Heather Harvey, du ministère des Affaires étrangères. Signe que les autorités sont malgré tout en train de prendre conscience de l'ampleur du phénomène.



Anne Collet

© courrierinternational.com (03-03-2004)