Développement de l’autonomie et du leadership des femmes pour la democratisation

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Burkina Faso: Déclaration publique d'abandon de l'excision

Déclaration d'abandon de l'excision par 23 villages burkinabé.
Ouagadougou, Burkina Faso (PANA) - Les habitants de 23 villages burkinabé des départements de Béré (à une centaine de kilomètres au sud-est de Ouagadougou, la capitale) et de Bindé se sont engagés à renoncer à la pratique de l'excision lors d'une cérémonie solennelle organisée le week-end dernier à Béré.

"Nous populations de 23 villages des départements de Béré et de Bindé, nous nous engageons solennellement à entreprendre des actions pour la promotion de la santé et pour le respect des droits humains dans notre communauté. Par conséquent, en cette date du 3 mai 2003, nous décidons de mettre fin à la pratique de l'excision dans tous nos villages", a déclaré la représentante des femmes des villages concernés lors de la cérémonie. Cette déclaration solennelle s'est faite en présence des autorités administratives, coutumières de la localité ainsi qu'en présence d'institutions et d'ONG partenaires l'UNICEF et la GTZ (la coopération technique allemande). Pour prouver leur adhésion à la déclaration des femmes, les chefs coutumiers ont procédé à une offrande aux mânes en présence de tout le public.



Cette offrande signifie, selon une source bien informée, qu'exciser dorénavant dans les 23 villages équivaudrait à susciter la colère des ancêtres. Faisant la genèse de son action dont l'un des fruits est cette déclaration publique d'abandon de la pratique de l'excision, le président de l'Association Mwangaza-Action, Roger Thiombiano, a déclaré que les résultats obtenus découlent de deux années de mise en oeuvre de la stratégie d'un programme d'éducation à base communautaire. Subdivisé en modules, le programme s'est traduit sur le terrain par 64 séances d'animations. Les thèmes abordés, majoritairement axés sur la santé de la reproduction, ont pour finalité de renforcer et d'accroître la
capacité des populations, a expliqué M. Thiombiano. Empruntée à l'ONG sénégalaise, TOSTAN qui était représentée à la cérémonie par sa directrice exécutive, Molly Welching, l'expérience du Burkina Faso a suscité l'intérêt du Ghana. Une délégation de Navrongo, localité ghanéenne frontalière avec le Burkina Faso, est venue découvrir cette méthode d'animation à base communautaire pour doter ses populations d'outils pour résoudre les pesanteurs socioculturelles.



Mme Melching a révélé que 816 communautés sénégalaises représentant 16% de la population pays ont déjà fait une déclaration publique d'abandon de l'excision. Elle a indiqué que le recours à la répression pour faire abandonner l'excision serait la pire des solutions, rappelant les propos d'un imam sénégalais lors de la déclaration publique de 108 villages. L'imam a laissé entendre que s'il fallait recourir à la justice pour interdire l'excision, les habitants desdits villages iraient tous en prison sans pour autant abandonner la pratique. Dans sa stratégie, explique Mme Melching, l'ONG TOSTAN accorde la priorité au respect de la dignité des populations. "Elles sont capables d'actes et de décisions responsables, à la condition que leur droit de décider soit respecté", a-t-elle fait remarquer.